Gustav Leonhardt, une discographie

Par Philippe Houbert

Chapitre IV : La direction d’ensembles (1954 – 1983)

Nous voici rendus au chapitre IV consacré à l’activité de Gustav Leonhardt en tant que chef d’ensembles.

Le problème auquel je me suis assez vite heurté pour ce chapitre tourne autour de deux questions : qu’est-ce qu’un ensemble ? A l’époque baroque, ce concept existait peu, la musique étant le plus souvent domestique. Autre question : qu’est-ce que la direction, sachant, là aussi, qu’aux 17ème et 18èmesiècles, cette notion était encore très floue.

Alors, je dois l’avouer, la frontière entre ce que j’ai retenu dans ce chapitre et ce qui vous sera proposé lorsqu’on parlera de musique de chambre ou de musique concertante est très ténue et sera sans doute discutée.

Ce chapitre va couvrir les enregistrements réalisés de 1954 à 1983. Cette période a été dominée par la contribution de Leonhardt à l’une des plus grandes aventures discographiques jamais réalisées : le projet intitulé Das Kantatenwerk, couvrant l’intégralité des cantates sacrées de Johann Sebastian Bach, accomplie en parallèle par Nikolaus Harnoncourt et notre héros de cette année.

En dépit de mon annonce initiale de sélectionner et de choisir, certains d’entre vous seront peut-être effrayés par ce massif. Mais, comme il y est dit, ne prenez pas peur ! Allez-y à votre rythme. Ces chapitres sont disponibles, j’espère, pour de nombreux mois, et au-delà.

Comme pour les trois chapitres précédents, l’aventure musicale et discographique de Gustav Leonhardt débuta à Vienne, au sein du groupe de musiciens de la même génération qui ont ressenti, au même moment, que la musique ancienne pouvait/devait être jouée autrement qu’une symphonie de Brahms. Cette vague collective fut sans doute plus convaincante pour des enregistrements en solistes (comme l’a montré l’extraordinaire première version des Variations Goldberg ou en petit ensemble). Les premiers pas à l’orchestre furent plus hésitants, sans doute plus datés selon nos oreilles d’aujourd’hui.

Je ne peux néanmoins pas laisser de côté un disque de mai 1954 consacré à deux cantates de Bach (NB : quand je n’emploierai que ce seul patronyme, il s’agira de Johann Sebastian), à un extrait de la Messe en si. La « vedette » de ce disque est Alfred Deller, l’immense contre-ténor qui fit découvrir ce type de voix et son répertoire aux mélomanes et ouvrit ainsi la voie à de glorieux successeurs, dont certains que nous entendrons dans ce chapitre : Paul Esswood, James Bowman, René Jacobs, entre autres.

Mais l’ensemble instrumental qui l’accompagne se nomme le Leonhardt Baroque Ensemble, et comprend quelques noms qui, eux aussi, deviendront célèbres : Michel Piguet, Eduard Melkus, Nikolaus Harnoncourt, Alice Hoffelner (madame Harnoncourt) et Marie Leonhardt, la femme de Gustav.

Voici 3 extraits de ce disque du label Vanguard, repris fort heureusement par la revue Diapason : l’air d’ouverture de la cantate BWV 170 Vergnügte Ruh, Seelenlust (Agréable repos, vif désir de l’âme) :

     Alfred Deller, Gustav Leonhardt, Leonhardt Baroque Ensemble – Cantata, BWV 170 « Vergnügte Ruh, belie – YouTube

Puis l’air célèbre qui débute la cantate BWV 54 Widerstehe doch der Sünde (Résiste au péché) :

     Alfred Deller, Gustav Leonhardt, Leonhardt Baroque Ensemble – Cantata in E-Flat Major, BWV 54 « Wider – YouTube

Enfin, l’Agnus Dei de la Messe en si BWV 232 :

     Alfred Deller, Gustav Leonhardt, Leonhardt Baroque Ensemble – Messe in B Minor, BWV 232: Agnus Dei – YouTube

Il fallut attendre une dizaine d’années pour retrouver Leonhardt dans ce rôle de chef d’ensemble (en écartant les quelques enregistrements où il tient l’orgue au sein d’un orchestre dirigé par un autre chef). En février 1964, « Das Alte Werk » capte deux cantates profanes et italiennes de Bach : les BWV 209 et 203.

Voici la BWV 209 Non sa che sia dolore (Il ne sait ce qu’est la douleur), et dont les musicologues débattent toujours l’authenticité et le contexte de sa composition, dans son intégralité. Agnes Giebel en est la soliste soprano, et Frans Vester, le flûtiste du Leonhardt-Consort.

     Bach – Cantate BWV 209 – Non sa che sia dolore – YouTube

Voici aussi la BWV 203 Amore traditore (Amour traitre), autre cantate dont l’authenticité est plus que sujette à caution, dans laquelle Leonhardt donne, seul au clavecin, la réplique à la basse Jacques Villisech.

     Bach – Cantate BWV 203 – Amore traditore – YouTube

Autant les trois chapitres précédents ont montré à quel point les labels DHM et Das Alte Werk se sont disputés les services de Gustav Leonhardt tout du long des années 60, autant cette décennie fut très calme pour ce qui est de l’activité de direction d’ensemble.

C’est seulement en juin et juillet 1969 que Das Alte Werk proposait à Leonhardt de réaliser un disque dédié à la musique sacrée à la Cour d’Angleterre, en fait à celle de Henry Purcell. Plusieurs Anthems, motets propres à la grande île, étaient au programme, ainsi que la très belle Chaconne en sol mineur pour 3 violons et basse continue.  Cet enregistrement est intégralement disponible et bien minuté, hormis les dates mentionnées (et le Brüggen-Consort qui n’a rien à faire ici). A noter que l’on y entend trois solistes vocaux qui seront les compagnons de Leonhardt et Harnoncourt dans l’intégrale des cantates sacrées de Bach qui se profile à l’horizon : James Bowman, Nigel Rogers, très récemment décédé, et Max van Egmond, ainsi que le chœur du King’s College de Cambridge et le Leonhardt-Consort.

     Henry Purcell – Anthems, Instrumental Music, Songs (I) Leonhardt Consort, Brüggen Consort – YouTube

Si cette décennie des années 60 fut pauvrette en enregistrements d’ensembles, les trois suivantes furent très florissantes.

Avant d’aborder ce qui fut l’une des plus grandes entreprises discographiques jamais réalisées, arrêtons-nous aux Madrigaux des Livres VII (dont le Combat de Tancrède et Clorinde et le Lamento della Ninfa) et VIII de Monteverdi captés par Das Alte Werk en 1971. Il me semble important de replacer ce disque dans le contexte de l’époque. Aujourd’hui, nos oreilles ont été habituées à des sonorités plus ensoleillées avec une prononciation parfaite de l’italien (Venexiana, Concerto Italiano, parmi d’autres). A l’époque dont nous parlons, ce sont les ensembles néerlandais, flamands, anglais, plus rarement allemands, qui dominaient l’interprétation de la musique ancienne, y compris pour les maitres italiens. Ceci a pour conséquence que ce disque, et plein d’autres, sont aujourd’hui oubliés ou moins considérés que des versions plus récentes. Au point que, sauf erreur de ma part, aucune réédition en CD n’en a été réalisée.

Belle occasion de vérifier ce qu’il en est avec ces chanteurs, où l’on retrouve Nigel Rogers et Max van Egmond, mais aussi la Clorinda de Nelly van der Speek, Marius van Altena et Dmitri Nabokov. Et, bien sûr, le Leonhardt-Consort. La vidéo n’est malheureusement pas minutée. Voici les minutages : après Il Combattimento, Interrotte Speranze débute à 20’58’’ ; Eccomi pronta ai baci à 24’15’’ ; Tempro la cetra à 26’30’’ ; Tu dormi à 34’05’’ ; et le Lamento della Ninfa à 37’28’’ :

     MONTEVERDI Combattimento di Tancredi et Clorinda – YouTube

Et nous voici parvenus au début de cette extraordinaire entreprise (qui se lancerait là-dedans aujourd’hui ?) qui dura une vingtaine d’années, à savoir l’enregistrement intégral des cantates sacrées authentifiées par le label Das Alte Werk, avec Gustav Leonhardt et Nikolaus Harnoncourt en maitres d’œuvre. Les coffrets, à l’origine parus en 33 tours, comprenaient tous deux disques, un livret d’analyse très riche et la copie des partitions. Du jamais vu, ni avant, ni après ! J’ai dû, à l’époque de leur parution, mobiliser toutes mes connaissances en Allemagne et aux Pays-Bas, pour acquérir ces merveilles avant leur apparition sur le marché français.

La contribution de Leonhardt débuta en 1971 avec le volume 2. Devant l’abondance de biens (71 cantates enregistrées par notre seul « héros »), il était évidemment hors de question de vous proposer l’intégrale. Sachez néanmoins que toutes les cantates sont disponibles dans leur intégralité sur YouTube. Ma sélection consistera, sauf exception, en une cantate par volume paru. C’est déjà beaucoup. On sait que le choix éditorial ne se porta pas sur un ordre chronologique (de toute façon aléatoire, notamment pour les œuvres composées avant l’installation à Leipzig) mais sur celui du catalogue établi en 1950 par Wolfgang Schmieder, les fameux BWV (Bach-Werke-Verzeichnis).

Débutons avec la BWV 8 Liebster Gott, wenn werd ich sterben ?  (Dieu d’amour, quand mourrai-je ?), composée pour le 24 septembre 1724 (16ème dimanche après la Trinité). Les interprètes en sont un soprano soliste du Regensburger Domspatzen, Paul Esswood (contre-ténor), Kurt Equiluz (ténor), Max van Egmond (basse), le choeur du King’s College de Cambridge et le Leonhardt-Consort, dont le merveilleux hautbois de Jürg Schaeftlein et le traverso de Frans Brüggen.

     Bach – Cantate BWV 8 – Liebster Gott, wenn werd ich sterben? – YouTube

1971 voyait aussi l’enregistrement du volume 3, incluant les Cantates BWV 9 et 10 sous la direction de Gustav Leonhardt. Les deux œuvres sont intéressantes mais mon choix s’est porté sur la première nommée, Es ist das Heil uns kommen her (Le salut nous est venu), composée entre 1732 et 1735, pour la beauté de l’air de ténor, encore rehaussé par le violon de Sigiswald Kuijken.
Les interprètes vocaux sont les mêmes que pour la cantate déjà écoutée.

     Bach – Cantate BWV 9 – Es ist das Heil uns kommen her – YouTube

En fin de cette année 1971, c’est le volume 4 qui était enregistré et les 4 cantates proposées étaient offertes à Leonhardt. Je ne fais pas preuve d’originalité en vous proposant la plus célèbre, la BWV 12, Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen (Plaintes, larmes, peines, craintes), créée le 22 avril 1714 à Weimar. Mêmes interprètes auxquels s’adjoint le Tölzer Knabenchor. A citer une fois de plus le hautbois de Jürg Schaeftlein, mais aussi le basson de Milan Turkovic et la trompette de Ralph Bryant.

     Bach – Cantate BWV 12 – Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen – YouTube

Changement d’atmosphère avec deux enregistrements réalisés coup sur coup pour le label DHM (Deutsche Harmonia Mundi) en 1973. La musique de Jean-Baptiste Lully (1632-1687) pour Le Bourgeois Gentilhomme fut une totale découverte à l’époque. Leonhardt y dirigeait un ensemble créé tout juste l’année précédente par Sigiswald Kuijken, La Petite Bande. La composition de l’orchestre réuni pour l’occasion laisse pantois : entre autres, le susnommé, Marie Leonhardt, Anner Bylsma, Wieland Kuijken, Jordi Savall, Bob van Asperen. Et une distribution, certes peu française, mais à la diction impressionnante de qualité : Rachel Yakar, René Jacobs, Siegmund Nimsgern, Dirk Schortemeier, Maria Friesenhausen, parmi plein d’autres.

Voici l’intégralité de ce disque qui fit date, jusqu’à la production Dumestre/Lazar/Roussat de 2004. Je me souviens avec beaucoup d’émotion des félicitations que Leonhardt adressa au trio après l’une des premières représentations données au théâtre Trianon à Paris.

     Le Bourgeois Gentilhomme, 1670. Jean-Baptiste Lully (1632 – 1687) – YouTube

Lors de ces sessions d’enregistrement, était aussi captée la Suite de l’opéra-ballet d’André Campra (1660-1744), L’Europe galante. Même Petite Bande, mêmes Rachel Yakar et René Jacobs, mais aussi Marianne Kweksilber. En voici d’assez larges extraits dans une vidéo bien informative et minutée.

     Campra – L’ Europe Galante (extraits) – YouTube

Cette année 1973 avait débuté avec la captation, pour le label SEON Philips, de diverses pièces de John Blow (1649-1708), compositeur qui eut le malheur d’être contemporain de Purcell, et d’être aussi moins éclectique dans ses œuvres. De ce disque, j’ai retenu An Ode on the Death of Mr. Henry Purcell. Gustav Leonhardt y dirige René Jacobs, James Bowman et son Consort, dont les flûtes à bec de Ricardo Kanji et Marion Verbruggen.

    Ode on the Death of Mr. Henry Purcell – John Blow (1649-1708) – R.Jacobs/J.Bowman – YouTube

Toujours en 1973, retour à l’intégrale des cantates de Bach, avec le volume 6 dans lequel Leonhardt a la charge des BWV 22 et 23. Ces deux œuvres sont très liées entre elles du fait que Bach avait composé la BWV 23 pour l’épreuve de candidature au poste de cantor de la Thomaskirche de Leipzig. Et il semble qu’il y substitua au dernier moment la première nommée. Je préfère personnellement le contenu musical de la BWV 23 Du wahrer Gott und Davids Sohn (Toi Dieu véritable et fils de David), peut être jouée le 7 février 1723, mais sûrement le 20 février 1724. Nous retrouvons le Leonhardt-Consort, les chœurs du King’s College de Cambridge et des Tölzer Knaben, le contre-ténor Paul Esswood et le ténor Marius Van Altena, ainsi que le jeune soprano Walter Gampert dans le duo ouvrant la cantate.

     Bach – Cantate BWV 23 – Du wahrer Gott und Davids Sohn – YouTube

Voici l’année 1974. Avec une longue hésitation concernant le moment où je devais partager un enregistrement du mois de mars réalisé pour le label SEON Philips : dans le chapitre à venir en juin dédié à la musique de chambre ou dans celui-ci ? J’ai finalement opté pour la seconde option mais je serais bien incapable de justifier mon choix, hormis qu’il me semble que Leonhardt y imprime une vision d’ensemble indéniable. Il s’agit de la Musikalisches Opfer (Offrande musicale) de Bach jouée par les trois frères Kuijken, Marie Leonhardt, Robert Kohnen et Gustav lui-même.

     Musikalisches Opfer, BWV 1079. Johann Sebatian Bach (1685 – 1750) – YouTube

Même questionnement concernant le disque suivant capté en novembre 1974 et consacré à des Cantate da camera (Cantates de chambre) de Nicola Porpora, Antonio Caldara et Georg-Friedrich Haendel. Là encore, j’ai opté pour la notion de direction d’ensemble, donc un partage au sein de ce chapitre de la cantate de Caldara (1670-1736) Vicino a un rivoletto (Près d’un ruisseau). Quintette de rêve : René Jacobs pour la partie vocale, Sigiswald Kuijken, Anner Bylsma, Barthold Kuijken et Gustav Leonhardt.

     Antonio Caldara, Vicino a un rivoletto, Tiepolo/others – YouTube

Gustav Leonhardt n’a pas participé aux volumes 7 et 8 de la série Das Kantatenwerk mais l’année 1974 voit son retour au titre du volume 9, avec deux cantates sous sa direction : les BWV 32 et 33. C’est la première nommée que je vous propose, Liebster Jesu, mein Verlangen (Jésus bien aimé, mon espérance). Œuvre composée pour le premier dimanche après l’Epiphanie, soit le 13 janvier 1726, et constituée, dans sa deuxième partie, d’un dialogue entre l’âme, exprimée par la voix de soprano, et Jésus, personnifié par la basse. Nous entendons ici le jeune Walter Gampert (du Tölzer Knabenchor), Max van Egmond et le Knabenchor de Hanovre, ainsi que le Leonhardt-Consort.

     Bach – Cantate BWV 32 – Liebster Jesu, mein Verlangen – YouTube

Pas de Gustav Leonhardt dans le volume 10 mais il se rattrape dans les deux suivants : pour le onzième, les cantates BWV 39 et 40 lui sont confiées. J’ai une affection particulière pour la première nommée du fait de son magnifique chœur d’entrée dont l’écriture en émiettement de la phrase initiale traduit le propos du texte : Brich dem Hundrigen dein Brot (Partage ton pain avec ceux qui ont faim). Cette œuvre fut créée pour le premier dimanche après la Trinité, le 23 juin 1726. Un soprano soliste du Hannover Knabenchor, René Jacobs et Max van Egmond sont les solistes. Ledit chœur et le Leonhardt-Consort venant compléter l’ensemble.

     Bach – Cantate BWV 39 – Brich dem Hungrigen dein Brot – YouTube

Pour le volume 12, ce sont les cantates BWV 45 et 46 qui furent dévolues à Leonhardt. Je partage le lien de la BWV 46, Schauet doch und sehet, ob irgend ein Schmerz sei (Voyez donc et regardez s’il est une douleur comparable à la mienne) au chœur initial qui annonce l’Agnus Dei de la Messe en si. Cette œuvre fut l’une des premières cantates composées à Leipzig, pour le dixième dimanche après la Trinité, le 1er août 1723. Mêmes ensembles choral et instrumental que pour la précédente. Les solistes sont René Jacobs, Kurt Equiluz et un nouveau venu, la basse Hanns-Friedrich Kunz.

     Bach – Cantate BWV 46 – Schauet doch und sehet, ob irgend ein Schmerz sein – YouTube

Nous retrouvons Leonhardt en 1976 pour le volume 14 des cantates de Bach, les cinq œuvres de ce nouveau chapitre lui étant réservées. Elles ont toutes pour particularités d’être assez courtes et de n’avoir qu’une seule voix soliste chacune. Plutôt que la célèbre BWV 51, je vous propose la BWV 52, Falsche Welt, dir trau ich nicht (Monde mauvais, tu ne m’atteins pas), composée pour le 23ème dimanche après la Trinité, le 24 novembre 1726, ne serait-ce que pour entendre le merveilleux Seppi Kronwitter, soprano soliste du Tölzer Knabenchor, et son délicieux accent bavarois. Le Knabenchor Hannover dirigé par Heinz Hennig et le Leonhardt-Consort sont de la partie.

     Bach – Cantate BWV 52 – Falsche Welt, dir trau ich nicht! – YouTube

Et, exceptionnellement, une seconde cantate de ce volume, la BWV 54, Widerstehe doch der Sünde (Résiste au péché), de 1714, afin de comparer Paul Esswood à la version de l’air initial par Alfred Deller, qui débutait ce chapitre.

     Bach – Cantate BWV 54 – Widerstehe doch der Sünde – YouTube

Nouveau changement radical d’atmosphère avec un enregistrement réalisé en 1977 pour le label STIL : la pastorale héroïque Zaïs (1748) de Jean-Philippe Rameau. Malheureusement, de ce coffret qui fit date à l’époque, seules des bribes dont disponibles sur YouTube. Voici l’Ouverture et un extrait du 2ème acte Tout ce que le soleil éclaire ! David Thomas, Marianne Kweksilber, le Collegium Vocale Gent et la Petite Bande sont dirigés par Gustav Leonhardt.

     Rameau – Zaïs – Ouverture – YouTube

     (GREAT !) Rameau – Zaïs – 2nd Act – « Tout ce que le soleil éclaire… » (Cindor, Zélidie, Choeur) – YouTube

Nous retrouvons ce dernier en sa collaboration au volume 17 de Das Kantatenwerk, avec la magnifique BWV 66 Erfreuet euch, ihr Herzen (Cœurs, réjouissez-vous !), parodie d’une cantate de vœux composée à Köthen en 1718 et reprise pour le lundi de Pâques, le 10 avril 1724. Le trio Esswood-Equiluz-van Egmond fait encore merveille avec le Knabenchor Hannover et le Leonhardt-Consort.

     Bach – Cantate BWV 66 – Erfreut euch, ihr Herzen – YouTube

Autre grand chef d’œuvre figurant dans le volume 19, la cantate BWV 75 Die Elenden sollen essen (Les pauvres mangeront), pièce entendue le 30 mai 1723, soit deux jours avant l’installation de Bach au poste de cantor de la Thomaskirche. Mêmes interprètes, sauf l’apparition du jeune soprano Marcus Klein, et celle d’Adalbert Kraus pour la partie de ténor.

     Bach – Cantate BWV 75 – Die Elenden sollen essen – YouTube

Le volume 20, enregistré en 1978, allouait deux courtes cantates à Leonhardt. Voici celle composée pour la fête de la Réformation du 31 octobre 1725, Gott der Herr ist Sonn und Schild (Car Dieu est rempart et bouclier), BWV 79. Paul Esswood et Max van Egmond sont accompagnés par le jeune soprano Detleff Bratschke du Knabenchor Hannover. Les ensembles choral et instrumental restent les mêmes que ceux employés dans les cantates précédentes.

     Bach – Cantate BWV 79 – Gott der Herr ist Sonn und Schild – YouTube

En septembre 1979, le label SEON-RCA ouvrait ses micros à Leonhardt et à quelques chanteurs pour un disque consacré à des madrigaux de Monteverdi. Je ne sais quelle nature ont prises par la suite les relations entre les labels mais les quelques extraits disponibles de cet enregistrement sont illustrés par une pochette DHM, mélangeant diverses prises avec des interprètes divers et variés.

J’ai retenu Alcun non mi consigli (Que personne ne me conseille !), du Livre IX monteverdien, par René Jacobs, Michiel ten Houte de Lange et Floris Rommerts, Gustav Leonhardt dirigeant l’ensemble du clavecin.

     Alcun non mi consigli (Libro 9) (A 3 voci: Altus, Tenor, Bassus) – YouTube

Mais aussi Ohimé ch’io cado (Hélas, je tombe), extrait des Scherzi de 1624. René Jacobs en est l’interprète.

     Ohimè, ch’io cado, from « Quarto Scherzo delle ariose… di Carlo Milanuzzi » (1624) (per voce… – YouTube

Et Una donna fra l’altre onesta e bella (Une femme honnête et belle parmi les autres), extrait du Livre VI des Magrigaux. On retrouve les trois interprètes entendus dans le premier extrait, plus Marianne Kweksilber et Marius van Altena.

     Una donna fra l’altre (Libro 6) (A 5 voci: Cantus, Altus, 2 Tenors, Bassus) – YouTube

Gustav Leonhardt sera partie prenante des trois volumes de la Kantatenwerk enregistrés en 1979. Du volume 22, je retiens la courte cantate Es reisset euch ein schrecklich Ende (Une fin terrible vous attend) BWV 90. Toujours notre éternel trio Esswood/Equiluz/van Egmond et la trompette naturelle de Don Smithers. Ainsi que la participation du Collegium Vocale Gent aux côtés du Knabenchor Hannover.

     Bach – Cantate BWV 90 – Es reißet euch ein schrecklich Ende – YouTube

Concernant le volume 23, c’est la très belle cantate-choral Ich hab in Gottes Herz und Sinn (Au cœur et à l’esprit de Dieu) BWV 92, créée le 28 janvier 1725 pour le dimanche de la Septuagésime, qui a été choisie. Mêmes interprètes, auxquels il faut ajouter le petit soprano Detlef Bratschke.

     Bach – Cantate BWV 92 – Ich hab ein Gottes Herz und Sinn – YouTube

Quant à l’opus 24 de cette gigantesque initiative, seule la cantate Was Gott tut, das ist wohlgetan (Ce que Dieu fait est bien fait) BWV 98, composée pour le 21ème dimanche après la Trinité, le 10 novembre 1726, a été allouée à Leonhardt. La voici par la même équipe, le soprano du Knabenchor Hannover étant Claus Lengert.

     Bach – Cantate BWV 98 – Was Gott tut, das ist wohlgetan – YouTube

Avant de terminer ce chapitre avec une nouvelle séries de cantates de Bach, je vous propose une petite respiration avec deux enregistrements réalisés en 1980, et dont j’ai appris tout récemment qu’ils avaient un lien étroit.

Tout d’abord, l’acte de ballet Pygmalion (1748) de Jean-Philippe Rameau. Leonhardt y dirige la Petite Bande, le chœur de la Chapelle Royale de Philippe Herreweghe et une distribution composée de John Elwes dans le rôle-titre, Mieke van der Sluis (Céphise), Françoise Vanhecke (statue), Rachel Yakar (Amour), Bob van Asperen et Richte van der Meer assurant le continuo. Voici ce superbe disque paru chez DHM :

     Pygmalion (1748). Jean-Philippe Rameau (1683 – 1764) – YouTube

Je remercie infiniment Jérôme Lejeune, fondateur et directeur artistique du label Ricercar, de m’avoir renseigné sur le lien entre ce Pygmalion et le seul enregistrement réalisé par Leonhardt pour sa maison, si chère au cœur de tous les amateurs de musique ancienne. Le projet est né du thème retenu en 1980 pour le festival les Nuits de Septembre à Liège. Il s’agissait de rapprocher un compositeur liégeois d’un autre grand nom européen. Sigiswald Kuijken ayant proposé de donner le Pygmalion et de lier Rameau, dernier représentant de la tragédie lyrique à la française, à l’un des premiers compositeurs du nouveau genre, l’opéra-comique. D’où la décision de monter ce Jugement de Midas de André-Modeste Grétry (1741-1813) (ce qui me permet ici de rectifier une erreur commise dans le chapitre précédent : voici bien la date de mort la plus tardive d’un compositeur abordé par Leonhardt !). Quelques extraits de cette curiosité sont disponibles sur YouTube et, du fait de leur réédition en 2008 avec La Caravane du Caire du même Grétry, les illustrations oublient notre Midas. Voici l’ouverture :

     Le Jugement de Midas: Ouverture – YouTube

 Le duo entre Palémon (Jules Bastin) et Apollon (John Elwes) :

     Le Jugement de Midas: Duo: « D’abord je donne de bons gages » » – YouTube

Et le sextuor rassemblant Mopsa (Suzanne Gari), Chloé (Mieke van der Sluis), Palémon (Jules Bastin), Lise (Françoise Vanhecke), Pan (Michel Verschaeve) et Marsias (John Elwes) :

     Le Jugement de Midas: Sextuor: « Pour une femme qu’il est doux » – YouTube

Des volumes 25 à 33 de la Kantatenwerk, Gustav Leonhardt participa à tous, hormis le n° 30.

Les n° 25, 26 et 27 furent enregistrés en 1980. Du premier, j’ai opté pour la cantate portant le même titre que la précédente entendue : Was Gott tut, das ist wohlgetan (Ce que Dieu fait est bien fait) BWV 100, œuvre assez tardive de Leipzig (entre 1732 et 1735 mais sans certitude sur le dimanche après la Trinité auquel elle fut destinée). Nous retrouvons le petit soprano Detlef Bratschke et les ressources habituelles (Esswood-Equiluz-van Egmond-Knabenchor Hannover-Collegium Vocale Gent-Leonhardt-Consort).

     Bach – Cantate BWV 100 – Was Gott tut, das ist wohlgetan – YouTube

La cantate BWV 106 (vol. 26) Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit (Le règne de Dieu est le meilleur de tous) demeure une énigme pour les musicologues. Les interprétations les plus récentes et plus crédibles penchent pour une cantate de funérailles exécutée en 1707 ou 1708, soit une œuvre de la jeunesse de Bach. Ici, Leonhardt opte pour des jeunes garçons du Knabenchor Hannover, non seulement pour la partie de soprano (comme d’habitude dans cette intégrale) mais aussi pour la partie d’alto. Ce sont Marcus Klein et Raphaël Harten qui en sont les interprètes, avec le ténor Marius van Altena et la basse Max van Egmond. Mêmes chœurs et ensemble instrumental. Voici cet Actus tragicus, mention sur la seule copie posthume de la partition.

     Johann Sebastian Bach. Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit, BWV 106 – YouTube

La cantate BWV 107 (vol. 27) Was willst du dich betrüben (Pourquoi vouloir t’affliger ?) débute par un des plus beaux chœurs composés par Bach du fait de la richesse harmonique rendue par les instruments à vent. A nouveau Marcus Klein pour la partie de soprano ; le reste de l’effectif, Kurt Equiluz retrouvant sa partie de ténor, est inchangé.

     Bach – Cantate BWV 107 – Was willst du dich betrüben – YouTube

En 1981, Gustav Leonhardt participait à l’enregistrement des volumes 28 et 29. Du premier nommé, je vous propose la cantate BWV 114 Ach, lieben Christen, seid getrost, (Chers chrétiens, ayez donc confiance) donnée le 1er octobre 1724, 17ème dimanche après la Trinité.               Je suis en admiration devant le parfait équilibre de cette œuvre autour du choral central. René Jacobs remplace désormais Paul Esswood en la partie d’alto, Kurt Equiluz et Max van Egmond restant dans l’équipe. Splendide apparition de Sebastian Hennig, fils du Knabenchor Hannover.

     (4) Bach – Cantate BWV 114 – Ach, lieben Christen, seid getrost – YouTube

Pour le volume 29, c’est la cantate BWV 117, Sei Lob und Ehr dem höchsten Gut (Louanges et honneur au Très Haut), dont la date de composition et la destination restent mystérieuses (entre 1728 et 1731 ?). Cet hymne de reconnaissance à Dieu est une merveille trop peu connue. Mêmes interprètes que pour la cantate précédente, mais sans partie de soprano.

     (4) Bach – Cantate BWV 117 – Sei Lob und Ehr dem höchsten Gut – YouTube

Seule contribution de Leonhardt à l’intégrale en l’année 1982, la très émouvante BWV 127, Herr Jesu Christ, wahr’ Mensch und Gott (Seigneur Jésus-Christ, homme véritable et Dieu), lied funèbre dans l’esprit de la Passion, malgré sa datation du 11 février 1725. Sebastian Hennig, Kurt Equiluz et Max van Egmond tiennent les parties solistes. Et toujours le Knabenchor Hannover, le Collegium Vocale Gent et le Leonhardt-Consort.

     (4) Bach – Cantate BWV 127 – Herr Jesu Christ, wahr’ Mensch und Gott – YouTube

Nous terminons ce chapitre avec l’année 1983, et une forte participation de Leonhardt en ces volumes 32 et 33.

J’ai une affection particulière pour la cantate BWV 128, Auf Christi Himmelfahrt allein (Seulement dans l’Ascension du Christ), composée pour le jour de l’Ascension 1725. Son joyeux air de basse et le duo suivant pour alto et ténor sont des petits bijoux. Nouvelle apparition du trio Jacobs-Equiluz-van Egmond.

     (4) Bach – Cantate BWV 128 – Auf Christi Himmelfahrt allein – YouTube

Pas moins de 4 cantates vont être dévolues à Leonhardt au sein du volume 33. Parce que mes choix jusqu’à présent ont peu porté sur le temps de l’Avent et de Noël, j’ai voulu me rattraper avec la dernière cantate proposée. Mais j’avais le choix entre la BWV 132 et la 133, la première pour le 4ème dimanche de l’Avent de l’année 1715, la seconde pour le 3ème jour de Noël 1724. C’est la BWV 132, Bereitet die Wege, bereitet die Bahn ! (Préparez les chemins, préparez la voie !) que j’ai choisie pour son élan. Sebastian Hennig fait merveille dans l’air d’ouverture. René Jacobs, Marius van Altena et Max van Egmond l’entourent. Mêmes chœurs et ensemble instrumental.

     (4) Bach – Cantate BWV 132 – Bereitet die Wege, bereitet die Bahn! – YouTube

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