Tony Gheeraert - Images, imagination, imaginaire dans les Pensées
L’aversion de Pascal pour les images et l’imagination est connue: ne condamne-t-il pas la peinture comme “vanité” ? L’imagination, sous sa plume, n’est-elle pas “trompeuse”, “fourbe”, “maîtresse d’erreur et de fausseté”, en un mot, femme ? En réalité, la conception pascalienne de l’imagination est bien plus riche et complexe que pourrait le laisser croire une lecture superficielle du célèbre fragment que lui consacre l’apologiste (fr. 78 dans l’édition Sellier). Maîtresse d’erreur si l’on veut, elle est aussi chemin de vérité pour qui sait bien en user. Aussi Pascal laisse-t-il fleurir les images et affleurer dans les Pensées un imaginaire puissant qui fait de lui non un philosophe, mais bien un écrivain, au meilleur sens du terme.