Pierre Lyraud - Le métier de géomètre
Pascal, alors malade, écrit en août 1660 à son ami le mathématicien Fermat : « […] pour vous parler franchement de la géométrie, je la trouve le plus haut exercice de l’esprit ; mais en même temps je la connais pour si inutile, que je fais peu de différence entre un homme qui n’est que géomètre et un habile artisan. Aussi je l’appelle le plus beau métier du monde ; mais enfin ce n’est qu’un métier ». Voilà qui peut surprendre de la part de celui qui, dès 1640, fit paraître un éblouissant placard de géométrie projective, de celui qui força l’admiration de Leibniz par un Traité des coniques désormais perdu, ou de celui qui fit paraître en février 1659 les admirables Lettres de A.Dettonville, explorant avec leur propre langage le calcul intégral. Un métier seulement, que la science ? C’est que la fin de l’homme n’est pas là, et que la carrière scientifique de Pascal, qui fait aujourd’hui en partie sa gloire, s’articula non sans peine aux aspirations du coeur. Pascal savant, Pascal croyant : contradiction ? Le penseur nous invite plutôt à la prudence et à la nuance.