AL FIN M’UCCIDERETE H.21 (1705)
Traductions : Marc Lesage/Philippe Grisvard/Xavier Carrère
Texte original
Al fin m’ucciderete o miei pensieri
Da me lontana è Clori
Clori l’idolo mio
Si rammentasse o Dio
Dei miei costanti amori
Con un sospiro almeno
Figlio del suo bel seno
S’incontrassero almeno i sospir miei
A me che penso a lei
E tante volte e tante
Oh se Clori pensasse in quest’istante
Ma chi sa forse adesso
Raggiona co’ altrui ed uno punto istesso
Ei ferma il guardo in ella ed ella in lui
E chi sa ch’a quest’ora
Già scordata di me non l’ami ancora
Lungi dalla mia mente
Tiranni del mio cor lungi volate
Se voi mi tormentate
Co’ sospetti sì fieri
Allor m’ucciderete
Al fin m’ucciderete o miei pensieri.
Io morirei contento
Per non penar così.
Ma sol per un momento
Io riveder vorrei
Colei che tolse pria
La pace all’alma mia
E poi da me partì.
Io morirei contento etc…
Clori mia Clori bella
Ahi quante volte e quante
Ti vo’ cercando in questa parte e in quella
In cui l’anima amante
Trovar solea ben spesso
Te che sospira e non ritrova adesso
Pena ch’in lontananza
Ogn’altra pena avanza
Sai qual’è Clori mia
Dove del mio gran foco
Ti ridicea l’ardori
Veder il loco o non vedervi Clori
Quando poi giungon l’ore
Che per conforto mio
Per mio costume venia del tuo bel lume
L’amato a vagheggiar dolce splendore
Per mia barbara sorte
Quando giungon quell’ore io giungo a morte
Onde con insoffribile martoro
In un istesso dì più più volte io moro.
Faria la pena mia
Piangere i sassi
I mesti sospir miei
Vengono dove sei
E se li sai sentir
M’ascolterai languir
Dove tu passi.
Faria la pena mia etc…
Texte traduit
Enfin vous me tuerez, ô mes pensées.
Loin de moi est Cloris.
Cloris mon adorée
Puisse-t-elle se rappeler, ô Dieu,
Mon amour fidèle !
Si à un seul soupir
Né de son beau sein,
Les miens pouvaient du moins se mêler !
Oh, si Cloris pouvait en cet instant
Penser à moi, qui pense à elle
Si souvent, si souvent !
Mais qui sait ? Peut-être en ce moment même
Elle converse avec un autre,
Il fixe son regard sur elle, elle sur lui.
Qui sait si à cette heure,
M’ayant oublié elle n’est pas déjà éprise de lui ?
Loin de mon esprit,
Tyrans de mon coeur, envolez-vous bien loin !
Si vous me tourmentez
Avec des soupçons si cruels
Alors vous me tuerez
Enfin vous me tuerez, ô mes pensées.
Je mourrais heureux
Pour ne plus souffrir ainsi.
Mais rien qu’un instant,
Je voudrais revoir
Celle qui ôta d’abord
La paix de mon coeur
Et puis de moi s’enfuit.
Je mourrais etc…
Cloris, ma belle Cloris,
Ah combien, combien de fois
Je vais te cherchant ça et là
Où mon âme éprise
Te rencontrait souvent
Toi, après qui elle soupire, toi, qu’elle ne retrouve plus !
Cette douleur que l’absence
Rend plus forte que toutes
Tu la connais, ma Cloris !
Les lieux où je te redisais
L’ardeur de ma passion
Comment y être, sans y voir Cloris ?
Et quand l’heure arrive
Où pour mon bonheur
Tes beaux yeux m’offraient d’habitude
L’éclat tendre où j’aimais me perdre,
Cruel destin qui est le mien !
Quand cette heure arrive, je me meurs ;
En sorte que d’un atroce martyre
Ce même jour je meurs, et meurs encore.
Elle ferait, ma douleur
Pleurer les pierres.
Mes tristes soupirs
Te suivent, où que tu sois.
Et si tu sais les entendre
Tu m’écouteras languir
Là où tu mènes tes pas.
Elle ferait, etc…