Port-Royal, couvent de femmes fondé en 1204, fut un flambeau de la Contre-Réforme, avant de devenir, au XVIIe siècle, le foyer d’une âpre défense de saint Augustin contre la Compagnie de Jésus. L’exemplarité de ses religieuses, la qualité de l’éducation dispensée à ses pensionnaires et aux élèves des Petites Écoles, ses Solitaires, le nombre de hautes personnalités qui fréquentèrent Port-Royal lui valurent un exceptionnel rayonnement. Prononce-t-on son nom, on songe immédiatement à Pascal, Racine, La Rochefoucauld, Mme de Lafayette, Mme de Sévigné, La Fontaine, Perrault, Antoine Arnauld ou encore à la Bible dite de Port-Royal, publiée sous l’égide de Le Maistre de Sacy.
Persécuté par Louis XIV, détruit sur son ordre au début du XVIIIe siècle, Port-Royal ne disparut pas, cependant. La communauté incarna un mythe, d’autant plus puissant qu’il ne demeurait pas une tombe (les corps de ses disparus depuis cinq siècles furent jetés dans des fosses communes), ni une pierre de l’abbaye. Son destin tragique frappa les esprits, faisant du monastère le symbole de la liberté de conscience opprimée par un monarque absolu, et de la résistance passionnée qu’il est possible d’opposer à une telle oppression.
Abbaye martyre, Port-Royal fut pendant cent ans (1609-1709) le lieu où une poignée d’âmes d’élite entendirent vivre leur foi selon le plus haut diapason. Très vite ses religieuses inclinèrent à voir dans leur réformatrice, la mère Angélique Arnauld, un modèle de sainteté. Elles composèrent de nombreuses relations pour témoigner de sa ferveur et conserver la mémoire de son entreprise. Les persécutions redoublèrent leur zèle. Emmenées par quelques moniales au verbe étincelant, elles dressèrent contre l’oubli une véritable « abbaye de papier ». Ainsi dispose-t-on d’un ensemble de textes féminins absolument exceptionnels sur la vie quotidienne des religieuses, des grandes dames qu’elles recevaient ou des simples sœurs converses qui subvenaient à leurs besoins matériels. Ardeur, humilité, héroïsme et douleurs du martyre, confidences empreintes de bonhomie ou profondément pathétiques : ces récits sont autant d’éclats arrachés au silence, d’intonations et de voix qui traversèrent le temps pour nous confier des itinéraires de femmes tous singuliers et vécus à la pointe du cœur et de l’esprit.
Éclats de femmes est un spectacle conçu par Laurence Plazenet pour l’Académie Bach et la Société des Amis de Port-Royal, afin de faire entendre ce concert de femmes libres en plein Grand siècle. Aux textes sont jointes des musiques de leur temps, non pas celles que les moniales entendaient au monastère, entièrement dévolu au plain-chant, mais celles qui avaient ému leur jeunesse, ou dont elles percevaient les lointains échos au-delà de la clôture.
Les Épopées
Claire Lefilliâtre, soprano
Claire Gautrot, basse de viole
Stéphane Fuget, orgue & clavecin
Vladimir Hugot, comédien
Textes choisis et lus par Laurence Plazenet
Ce concert aura lieu à l’église d’Arques-la-Bataille.
Programme musical
Prélude du premier ton (3e livre d’orgue), Guillaume-Gabriel Nivers (1632-1714)
Rossignolet du bois, rossignolet sauvage
En goûtant un sort plein de charmes (extrait de Jephté) Elisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729)
Bien qu’un cruel martyre, Pierre Guédron (1565-1620)
Les Étoiles, Michel Corrette (1707-1795)
Plainte – lentement (3e livre de pièces de viole), Marin Marais (1656-1728)
Non je ne prétends point dans l’état où je suis, Bertrand de Bacilly (1621-1690)
Une jeune fillette, anonyme – publié par Ballard en 1704
Quand le flambeau du monde, Pierre Guédron
Tombeau de Monsieur de Blanrocher, Louis Couperin (1626-1661)
Prélude non mesuré, Louis Couperin
Or vous dites Marie, Nicolas Lebègue (1631-1702)
Jerusalem, convertere ad Dominum tuum (Leçon de Ténèbres), Jean-Baptiste Geoffroy (1601-1675)
Les Voix Humaines, Marin Marais
In tenebrosis (3e Leçon de Ténèbres – Jeudy), Michel Richard Delalande (1657-1726)
Magnificat, Guillaume-Gabriel Nivers (1632-1714)
Tarif B
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Tarif adhérent 23€
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Tarif plein 30€
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Tarif réduit* 10€
(*18-25 ans, demandeur d'emploi, bénéficiaire du RSA, élève du Conservatoire Camille Saint-Saëns de Dieppe, groupe de 10 personnes ou plus, stagiaire de l'Académie Bach)
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Gratuit**
(**Moins de 18 ans et personnel du Conservatoire Camille Saint-Saëns de Dieppe)
Pour bénéficier du tarif réservé aux adhérents, vous pouvez à tout moment adhérer en ligne sur le site de billetterie. L’adhésion est annuelle et vous donne accès au tarif privilégié pour deux personnes par concert.