Gustav Leonhardt, une discographie

Par Philippe Houbert

Chapitre X : Le clavecin et autres claviers, sans Bach (1987-2005)

Le troisième chapitre de cette discographie nous avait fait découvrir les enregistrements consacrés à la musique de clavecin (et instruments proches) composée par d’autres compositeurs que Johann Sebastian Bach.

Il s’était achevé avec un disque réalisé en 1980 et consacré à Claude Balbastre et Armand-Louis Couperin. Mais seules trois pièces disponibles avaient pu être partagées.

Pris par l’intégrale des cantates de Bach et l’enregistrement de grandes œuvres chorales (Messe en si, Passion selon saint Matthieu), ce n’est qu’en 1987, pour le label Philips, que Leonhardt retrouva le clavecin… et la dynastie Couperin, avec un disque consacré à Louis (circa 1626 – 1661), son neveu François (1668 – 1733) et à nouveau Armand-Louis, cousin de François (1727 – 1789). Cet enregistrement est, dieu merci, intégralement disponible et, comme toujours avec l’internaute qui l’a mis en ligne, parfaitement renseigné, sauf pour l’instrument que les diverses rééditions ne mentionnent aucunement.

Armand-Louis, François, Louis Couperin – Pièces de clavecin, Gustav Leonhardt – YouTube

En 1988, Leonhardt enregistrait deux disques pour Philips. En mai, c’est le clavicorde qui était à l’honneur avec diverses pièces de quelques membres de la famille Bach (Johann Sebastian, Wilhelm Friedemann et Carl Philipp Emanuel). Mais la première pièce au programme était la Suite en fa dièse mineur de Christian Ritter (circa 1645 – après 1717).

En septembre de cette année 1988, c’est un programme très varié de musique pour clavecin que Leonhardt nous livrait sur un instrument de Joel Katzman.

Ce récital débutait avec le Prélude à l’imitation de Mr. Froberger de Louis Couperin :

L. Couperin: Prélude à l’imitation de Mr. Froberger – YouTube

Suivaient trois pièces de Henry Purcell (1659 – 1695) : le Ground (basse obstinée) « Crown the Altar » en ré mineur, un Ground en ut mineur et une Suite en ré.

Purcell: Ground in D minor « Crown the Altar » (From « Celebrate This Festival », Z 321) – YouTube
Purcell: Ground in C minor, ZT 221 – YouTube
Purcell: Suite in D, Z 667 – YouTube

Puis venait l’une des Sonates bibliques – la sixième et dernière – de Johann Kuhnau (1660 – 1722), « La mort de Jacob et son enterrement ».

Kuhnau: Biblische Sonate « Jacobs Tod und Begräbnis » – YouTube

Laissons les quelques œuvres de Johann Sebastian Bach que nous garderons pour le dernier chapitre et passons à deux Sonates en la majeur de Domenico Scarlatti K. 208 et 209.

D. Scarlatti: Sonata in A major, K.208 – Sonata in A major, K.209 – YouTube

Le reste du programme était consacré à la musique française, avec, tout d’abord, une Allemande de Joseph-Nicolas-Pancrace Royer (circa 1705 – 1755) :

Royer: Allemande in C minor – YouTube

Puis une courte pièce de Joseph Bodin de Boismortier (1689 – 1755), La Puce :

Boismortier: La Puce (Pièce en rondeau) – YouTube

Puis, de Pierre Février (1696 – 1760), La Délectable, extraite du Premier Livre édité en 1734 :

Février: Le Délectable – YouTube

Enfin, pièce beaucoup plus connue, Le Rappel des oiseaux de Jean-Philippe Rameau (1683-1764) :

Rameau: Premier livre de pieces de clavecin / Suite in E minor, RCT 2 – Le Rappel des Oiseaux – YouTube

En 1989, c’est pour DHM que Leonhardt enregistrait deux disques, l’un dédié à la musique de Johann Jacob Froberger, l’autre à divers compositeurs français.

Les pièces de Froberger, jouées sur un instrument de Bruce Kennedy d’après un Mietke de 1702, sont intégralement disponibles mais séparément. Le disque s’ouvrait sur trois œuvres : Lamentation sur ce que j’ay été volé, extraite de la Suite n° 14, la Toccata n° 9 en do majeur et la Canzon n° 2 en sol mineur :

Lamentation sur ce que j’ay été volé (Allemande) – YouTube
Toccata for Harpsichord No. 9 in C major – YouTube
Canzon for Harpsichord No. 2 – YouTube

L’autre enregistrement réalisé en 1989 pour DHM était donc dédié à la musique française.

Il est disponible intégralement et, une fois de plus, bien minuté et renseigné. Le clavecin joué est un Nicholas Lefébure (ou Lefebvre selon les versions), de Rouen, daté de 1755. Quatre compositeurs sont au programme : Jean-Philippe Rameau, Gaspard Le Roux (circa 1660 – circa 1705), Joseph-Nicolas-Pancrace Royer et Jacques Duphly (1715 – 1789).

Masterpieces of French Harpsichord Music (Rameau, Le Roux, Royer, Duphly) G.Leonhardt – YouTube

En 1990, c’est pour Philips que Leonhardt enregistrait un disque intégralement consacré à Girolamo Frescobaldi (1583 – 1643). 15 pièces au programme, toutes disponibles mais séparément. Je vais donc en revenir à l’un des principes que j’avais bien imprudemment énoncés au début de ce feuilleton et que j’ai très médiocrement tenu : sélectionner. J’ai retenu neuf pièces, certaines autres ayant déjà été enregistrées par Leonhardt et présentées dans le chapitre III. L’instrument est un Cornelis et Hubrecht Bom.

Voici donc, successivement, la Toccata decima éditée en 1615, le Ricercar nono, con quatro soggetti (1615), la Canzona quarta (1627), les Partite sopra Folia (1615), le Capriccio sopra un soggetto (1624), la Fantasia terza, sopra un soggetto solo (1608), deux Balletti e corrente (1637) et une autre Toccata decima, éditée en 1627.

Frescobaldi: Toccata decima (1615) – YouTube
Frescobaldi: Ricercar nono, con quattro soggetti – YouTube
Frescobaldi: Canzona quarta – YouTube
Frescobaldi: Partite sopra Folia – YouTube
Frescobaldi: Capriccio sopra un soggetto – YouTube
Frescobaldi: Fantasia terza, sopra un soggetto solo – YouTube
Frescobaldi: Balletto I, corrente e passacagli – YouTube
Frescobaldi: Balletto II e corrente – YouTube
Frescobaldi: Toccata decima (1627) – YouTube

Du disque Sony enregistré en 1991 et principalement dédié à la musique de Forqueray, rien n’est disponible sur YouTube et c’est d’autant plus dommage que l’éditeur n’a pas cru bon de l’intégrer à son édition Jubilé.

Nous passons donc à l’année 1992 avec deux enregistrements. Celui réalisé pour Sony est consacré intégralement à des œuvres pour clavecin et clavicorde de Georg Böhm (1661 – 1733), compositeur qui influença beaucoup le jeune Johann Sebastian Bach. En voici de larges extraits : tout d’abord, le Praeludium en sol mineur.

Praeludium in G minor – YouTube

Leonhardt jouait au clavicorde la Suite en ut mineur, en quatre mouvements :

Suite in C minor*: I. Allemande – YouTube
Suite in C minor*: II. Courante – YouTube
Suite in C minor*: III. Sarabande – YouTube
Suite in C minor*: IV. Gigue – YouTube

Suivaient deux pièces jouées au clavecin : un Capriccio en ré majeur et un Choralpartita avec 7 variations sur « Wer nur den lieben Gott lässt walten » (Celui qui laisse Dieu régner sur sa vie) :

Capriccio in D Major – YouTube
Choralpartita « Wer nur den lieben Gott lässt walten » 7 Variations – YouTube

De l’Ouverture en ré majeur, je n’ai retenu que le premier mouvement (Ouverture) et le dernier (Chaconne) :

Ouverture in D Major: I. Ouverture – YouTube
Ouverture in D Major: VI. Chaconne – YouTube

Je laisse de côté la Suite en fa mineur pour enchainer sur un(e) autre Choralpartita « Ach wie nichtig, ach wie flüchtig » (Ah ! combien fugitive, combien vaine est la vie de l’homme !) :

Choralpartita « Ach wie nichtig, ach wie fluchtig » 8 Variations – YouTube

Et le disque s’achevait avec la Suite en mi bémol majeur (en quatre mouvements) jouée au clavicorde :

Suite in E-flat Major*: I. Allemande – YouTube
Suite in E-flat Major*: II. Courante – YouTube
Suite in E-flat Major*: III. Sarabande – YouTube
Suite in E-flat Major*: IV. Gigue – YouTube

En octobre de cette même année 1992, Leonhardt enregistrait pour Philips un disque dédié à ce qu’il est convenu d’appeler les virginalistes. 15 pièces de 9 compositeurs différents : William Byrd (1543 – 1623), Robert Johnson (circa 1583 – 1633), Peter Philips (1560 – 1628), Thomas Morley (1557 – 1602), John Bull (1562 – 1628), William Randall (? – 1604), Giles Farnaby (circa 1563 – 1640), Orlando Gibbons (1583 – 1625) et Thomas Tomkins (1572 – 1656). Ce CD est disponible dans son intégralité mais sous forme de chaîne. Il suffit donc de cliquer sur le lien suivant et toutes les pièces s’enchaîneront automatiquement avec, pour chacune, leurs titre et compositeur. Les deux premières pièces de John Bull sont jouées sur un virginal, toutes les autres sur un clavecin.

Byrd: Pavane and Galliard in F Major No. 2 « Ph. Tregian » – YouTube

En mai 1994, Leonhardt restait chez Philips pour un autre disque de musique anglaise mais un peu plus tardive puisque centrée sur Henry Purcell (1658 – 1695) et John Blow (1649 – 1708). Nous avons déjà, dans le chapitre IX, couvert la partie organistique de ce CD. Nous nous concentrerons donc ici sur les pièces pour clavecin, toutes de Purcell, et surtout sur les Suites et Grounds (ou basse obstinée).

Voici la Suite n° 4 en la mineur :

Purcell: Suite No. 4 in A Minor, Z. 663 – YouTube

Suivait A New Ground en mi mineur :

Purcell: A New Ground in E Minor, ZT. 682 – YouTube

Voici maintenant la Suite n° 2 en sol mineur, puis un Ground en ut mineur :

Purcell: Suite No. 2 in G Minor, Z. 661 – YouTube
Purcell: Ground in C Minor, Z. 681 – YouTube

Puis nous terminerons avec deux nouvelles Suites, n° 5 en ut majeur et n° 7 en ré mineur :

Purcell: Suite No. 5 in C Major, Z. 666 – YouTube
Purcell: Suite No. 7 in D Minor, Z. 668 – YouTube

En juin 1996, Leonhardt revenait chez Sony pour un disque admirable consacré à deux compositeurs contemporains : l’un déjà très fréquenté, Johann Jacob Froberger, et l’autre, beaucoup moins, Matthias Weckmann (circa 1616 – 1674).
De ce dernier, voici la pièce introductive : la Suite en si mineur. Suivaient, deux Toccatas, respectivement en mi mineur et en la mineur.

Suite in B Minor: Praeludium – Allemanda – Courante – Sarabande – Gigue – YouTube
Toccata in E Minor – YouTube
Toccata in A Minor – YouTube

Puis venaient deux Suites, en ré mineur et en ut mineur.

[Suite] in D minor (Allemand – Courant – Sarabanda – Gigue) – YouTube
[Suite] in C minor (Allemanda – Gigue – Courant – Saraband mit Double) – YouTube

La part de ce CD dédiée à Weckmann se terminait par une Canzon en ut majeur et une Toccata en ré mineur.

Canzon in C Major – YouTube
Toccata in D minor – YouTube

Concernant Froberger, nous laisserons de côté le Tombeau sur la mort de Monsieur Blancrocher, déjà partagé plus haut dans ce chapitre. Et nous commencerons par la Suite n° 7 en mi mineur.

[Suite] in E minor (No. 7, DTÖ) (Allemande – Gigue – Courante – Sarabande) – YouTube

Suivaient deux plus courtes pièces : un Capriccio n° 6 en ut majeur, et un Ricercar n° 11 en ré mineur.

Capriccio in C Major (No. 6, DTÖ) – YouTube
Ricercar in D minor (No. 11, DTÖ) – YouTube

Et le CD se terminait avec la Suite n° 8 en la majeur de Froberger.

[Suite] in A Major (No. 8, DTÖ) (Allemande – Gigue – Courante – Sarabande) – YouTube

C’est pour le label Alpha que Gustav Leonhardt allait enregistrer trois disques de musique pour clavecin (mais pas que) en 2002, 2003 et 2004.

Le premier donnait à entendre des pièces de Frescobaldi et Louis Couperin, deux compositeurs chers au cœur de notre interprète, joués sur un clavecin d’Émile Jobin (copie de Vincent Tibaut). Ce CD n’est pas disponible dans son intégralité et les Suites sont malheureusement découpées en autant de vidéos que de mouvements. Je vous propose donc une sélection.

Pour Frescobaldi, la Toccata seconda (recueil de 1615), la Fantasia Quarta sopra doi soggetti (1608), le Capriccio sopra la bassa fiamenga (1624), le Ricercar primo (1615) et la Canzona terza (1627) :

Toccata Seconda – YouTube
Fantasia Quarta, sopra doi soggetti – YouTube
Capriccio sopra la Bassa Fiamenga – YouTube
Recercar Primo – YouTube
Canzona Terza – YouTube

Pour Louis Couperin, j’ai sélectionné les deux premiers mouvements de la Suite en ré majeur, Prélude et Allemande ; la Passacaille en sol mineur ; l’Allemande de la Suite en mi mineur ; et la Pavane en fa dièse mineur.

Suite en Ré Majeur: Prélude – YouTube
Suite en Ré Majeur: Allemande – YouTube
Passacaille en Sol Mineur – YouTube
Suite en Mi Mineur: Allemande – YouTube
Pavane en Fa Dièse Mineur – YouTube

Le deuxième disque Alpha regroupait des œuvres de compositeurs divers allant de la seconde partie du XVIe siècle à Johann Sebastian Bach. Nous laisserons ce dernier pour l’ultime chapitre de décembre et nous nous concentrerons sur les autres pièces, toutes jouées sur un claviorganum de Matthias Griewisch.

Ce CD débutait avec une Canzon de Hans Leo Hassler (1564 – 1612) et une Fantasia de Nicholas Strogers (16ème siècle) :

Canzon – YouTube
Fantasia – YouTube

Ensuite, Leonhardt jouait quelques pièces de l’époque élisabéthaine : de William Byrd, une Corranto, Queens Alman et un Ground ; de John Bull, Bull’s Goodnight ; d’Orlando Gibbons, Fantasia II.

Corranto – YouTube
Queens Alman – YouTube
Ground – YouTube
Bull’s Goodnight, MB 143 – YouTube
Fantasia II – YouTube

C’est à l’Allemagne du XVIIe siècle et du début du XVIIIe que Leonhardt s’attaquait ensuite avec des pièces de Johann Pachelbel (1653 – 1706) : Fantasia ; de Johann Christoph Bach (1642 – 1703 : Praeludium ; à nouveau Pachelbel avec une Toccata en sol majeur ; et de Christian Ritter (1650 – 1725), une Allemande sur la mort du roi Charles XI de Suède.

Fantasia – YouTube
Praeludium – YouTube
Toccata in G – YouTube
Allemanda in discessum Caroli XI regis Sueciae – YouTube

Le disque enregistré en novembre 2004 revenait à la musique de William Byrd, sur un clavecin de Malcolm Rose d’après un instrument de Lodewijk Theewes de 1579.

Ce CD est intégralement disponible sous forme de chaîne. Les 14 pièces suivent après avoir cliqué sur le lien suivant.
Pavan, BK 14a – YouTube

L’aventure discographie de Gustav Leonhardt se terminait en juin 2005 avec un ultime disque de clavecin consacré à la musique française. Ce CD intitulé The bliss and pain of baroque (Le bonheur et la douleur du baroque) rassemblait des pièces originales pour clavecin et d’autres transcrites de la viole de gambe, composées par Antoine Forqueray (1672 – 1733), avec en introduction et révérence finale, les pièces de François Couperin et Antoine Duphly dédiées à Forqueray. A noter que cet adieu au disque a été réalisé pour un petit label russe, Early Music Records.

En voici l’intégralité.

Antoine Forqueray Harpsichord Works, Gustav Leonhardt – YouTube