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Les instruments
Piano Boisselot n°1725 (1844)
Boisselot : une figure oubliée du patrimoine musical romantique
Ce superbe instrument est sorti des ateliers marseillais Boisselot en 1844. Le placage de sa caisse, d’un rouge intense, est réalisé en acajou de Cuba flammé et en palissandre de Rio, deux essences précieuses importées d’Amérique du sud, utilisées au XIXe siècle pour les instruments de prestige. Des filets de laiton doré sont incrustés de chaque côté de la caisse ainsi que dans les pieds hegagonaux de l’instrument.
Toute la partie ébénisterie doit être revue : reprise et recollage du placage, remplacement des manques, mise à nu du vernis et pose d’un nouveau vernis gomme laque au tampon. Le sommier, pièce maîtresse qui supporte la tension des cordes, sera reproduit à l’identique, en chêne ou en hètre massif. Les chevilles et les cordes seront fabriquées en copie de celles d’origine. Les garnissages des marteaux et les étouffoirs seront refaits à l’identique, en gardant tant que possible les parties existantes pouvant être restaurées.
Notre objectif principal est de respecter au mieux les protocoles de restauration en vigueur dans les grands musées internationaux spécialisés dans la conservation des instruments anciens, tout en permettant à l’instrument d’être joué de façon régulière et de retrouver une nouvelle vie. Selon nos informations, moins d’une demi-douzaine de pianos à queue Boisselot dans le monde sont actuellement en état de jeu.
La facture de piano connut au début du XIXe siècle un développement fulgurant, principalement dans les grands centres urbains comme Vienne ou Londres. Une ville comme Paris comptait vers 1840 plusieurs centaines d’ateliers de fabrication !
Né à Montpellier en 1785 dans une famille de luthiers, Jean-Louis Boisselot fut un des acteurs importants de cette grande aventure européenne. Il se lanca en 1831 dans cette industrie en plein essor, créant à Marseille la manufacture qui porte son nom. Entouré d’artisans anglais et allemands formés dans les meilleurs ateliers, il sut en quelques années conquérir une place à côté des plus fameux, Érard, Pleyel, Broadwood ou Streicher, grâce notamment au parrainage du plus grand virtuose de l’époque, Franz Liszt, qui disait de son piano Boisselot en 1862 :
« Bien que les touches soient presque usées par les combats que leur a livrés la musique du passé, du présent et de l’avenir, je ne consentirai jamais à le changer, et j’ai résolu de le garder jusqu’à la fin de mes jours, comme un associé privilégié ».
Très active dans le sud de l’Europe, la marque Boisselot ne parvint cependant pas à mettre en place une stratégie commerciale aussi efficace que celle de ses concurrents. Malgré l’exceptionnelle qualité des instruments, la marque s’effaça progressivement et disparut peu avant 1914.
Données techniques :
- numéro de série : 1725
- dimensions : longueur 201 cm / largeur 120 cm / hauteur 31 cm
- clavier de 80 notes (do – sol), ivoire et ébène
- la = à vérifier
- 2 pédales
- caisse en acajou flammé et palissandre
- fausse table d’origine en acajou
- état : en cours de restauration par Pianoforte Ad Libitum
L’Académie Bach vous propose 3 courtes videos présentant le projet de restauration :
- la partie musicale et la mécanique. Cliquez ici
- le meuble et l’ébénisterie. Cliquez ici
- le « son » Boisselot. Cliquez ici
La restauration de l’instrument est en cours, avec une fin de travaux prévue avant décembre 2024. Pour nous aider à financer ce projet exceptionnel, vous pouvez faire un don à la Fondation du Patrimoine en cliquant ici.