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L’Académie Bach est née en 1997, au moment où la commune d’Arques-la-Bataille a entrepris la construction d’un orgue neuf dans son église, dans le style des instruments que Bach a pu connaître en Saxe au XVIIIe siècle. Au fil de sa programmation et de ses programmes d’action culturelle, elle a depuis fait une place de choix aux instruments à claviers historiques de diverses époques, orgue, clavecin, clavicorde, claviorganum, harmonium ou piano.

L’histoire des claviers est une histoire de temps long, qui commence il y a plus de deux millénaires avec des instruments dont nous ignorons à peu près tout : orgues hydrauliques, instruments à cordes pincées et frappées, produisant le son à partir de touches en forme de clé (clavis en latin), origine du terme clavier. Un phénomène d’accélération se produit aux XIVe-XVe siècles, marqué par des perfectionnements techniques de plus en plus sophistiqués et des inventions dans le domaine de la mécanique et des univers sonores.

Alors qu’on pense souvent que ces instruments se succèdent dans une dynamique de progrès, en réalité ils cohabitent de façon quasi-permanente, même si certains jouent selon le moment un rôle dominant : le clavecin aux XVIIe et XVIIIe siècles, le piano aux XIXe et XXe siècles. L’orgue est un cas à part, qui a sa propre dynamique, sans interruption du XIVe siècle jusqu’à aujourd’hui.

Cette vision de long terme donne une autre image de la musique : un musicien d’autrefois utilisait indifféremment tous les instruments à claviers, passant de l’orgue au clavecin ou au clavicorde. L’hyperspécialisation est une donnée très récente, mise en question depuis la redécouverte de la musique ancienne dans les années 1950, qui représente aujourd’hui une part substantielle de la pratique musicale. De plus en plus de musiciens s’intéressent ainsi à une approche transversale des claviers, passant d’un instrument à un autre selon les styles et les époques.

L’histoire des instruments à claviers est, aussi, une histoire européenne. La musique est présente partout sur la planète, avec nombre d’instruments à vent, à cordes, à percussion. Mais ceux qui produisent le son en faisant appel à un mécanisme de clavier sont nés et se sont développés en Europe, exclusivement, sans que l’on sache pourquoi d’ailleurs. C’est donc un patrimoine commun à l’ensemble du continent européen qui mérite d’être connu, étudié, pratiqué, diffusé.

Notre projet entend également contribuer à une préservation durable du savoir-faire des artisans qui, des siècles durant, ont conçu ces instruments, les modifiant sans cesse dans un esprit d’expérimentation permanente. Le travail du bois, des métaux, du cuir, du drap, du feutre, est commun à tous ces instruments. Il constitue un patrimoine d’une immense richesse, qu’il faut aider à maintenir en activité en le faisant connaître aux nouvelles générations et en suscitant sa transmission. Pour continuer à exister, ces métiers doivent aussi s’adapter en tenant compte de la préservation de l’environnement, par exemple en cherchant des alternatives à l’utilisation de l’ivoire, des bois rares, des soies de sanglier, des peaux d’espèces protégées, etc.

En s’appuyant sur l’expérience acquise, L’Académie Bach ambitionne d’écrire une nouvelle page de cette histoire en créant sur le territoire dieppois une Maison des claviers historiques, dans laquelle les musiciens, professionnels mais aussi amateurs, pourront venir s’initier à la pratique des claviers historiques, découvrir des instruments, les jouer, les faire entendre. La dimension matérielle et muséale se prolongera par une dimension virtuelle et numérique, mettant en réseau les ressources de partenaires spécialistes des mêmes questions.

Le menu de la colonne de gauche vous propose deux sources. D’une part, une base de données video sur le monde des claviers. D’autre part, la description détaillée des instruments auxquels l’Académie Bach a accès, qu’ils soient en état de jeu ou à restaurer.