La pratique de la transcription est intrinsèquement liée à la musique, qu’elle soit ancienne ou récente. Elle consiste à adapter la musique pour des instruments différents de ceux pour lesquels elle a été écrite à l’origine, afin d’élargir sa diffusion, de la mettre au goût du jour ou tout simplement de lui rendre hommage. Bach a ainsi transcrit pour orgue des concertos pour violon de Vivaldi, Brahms a transcrit pour piano la chaconne pour violon seul de Bach et Ravel a transcrit pour orchestre les Tableaux d’une Exposition de Moussorgski, initialement écrits pour piano. On pourrait citer encore de nombreux autres exemples.
C’est dans cette tradition que se situent les transcriptions de Bach réalisées par Gustav Leonhardt, souvent jouées par lui en concert et enregistrées. Issues de partitions originales pour violon solo, violoncelle, flûte ou luth, ces pièces sont le résultat d’un travail de réécriture très élaboré, afin d’adapter le langage musical aux possibilités sonores et digitales du clavecin. Leonhardt les avait laissées à l’état de manuscrits, comme nombre d’autres pièces d’ailleurs qu’il avait lui-même copiées, préférant ce type de support aux éditions imprimées. Selon lui le fait d’écrire la musique à la main permet d’avoir un contact en profondeur avec la musique, bien plus que ne le fait la seule lecture. Après son décès, sa famille a décidé de rendre public l’accès à ce travail extraordinaire et de confier à Siebe Henstra, élève et ami de Leonhardt, la tâche de réaliser une édition destinée à la maison Bärenreiter, éditeur de référence de la musique de Bach.
Sachant que des photographies de Leonhardt jouant en lisant ses manuscrits avaient été faites par Robin .H. Davies (qu’il qualifiait de « photographe baroque »…) lors d’un concert donné au festival de l’Académie Bach à Arques-la-Bataille en 2001, la famille a souhaité qu’une de ces photos figure dans le volume édité. C’est un grand honneur pour nous d’être associés à cet événement artistique et éditorial.